6 octobre 2016

Les héritiers de la révolution



    LES HÉRITIERS  DE  LA  RÉVOLUTION 

Crédit photo: Google image
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Si l’indignation prônée par Stéphane Hessel dans son essai « Indignez-vous   » avait un visage humain, pour la jeunesse africaine, ce visage serait bien évidemment celui du camarade capitaine Thomas Isidore Noël Sankara.

 

Né le 21 décembre 1949, l’anti-impérialiste et panafricaniste convaincu qu’il était, s’est forgé une réputation d’homme intègre au-delà des frontières de sa Haute-Volta natale et même de l’Afrique, tant pendant sa carrière militaire que pendant les quatre petites années passées à la tête de ce pays qu’il a rebaptisé Burkina Faso, le “Pays des Hommes intègres”.

Cette réputation, Thomas Sankara l’a bâti en s’indignant.

Thomas Sankara en meeting Crédit photo :Google image
Thomas Sankara en meeting
Crédit photo :Google image

 

Dès l’école primaire,  Sankara, prend conscience de l’injustice coloniale et s’en indigne.

Devenu militaire, il s’indigne de la mauvaise gestion de l’armée par les anciens officiers de l’armée coloniale, et rassemble les jeunes officiers sur la base de revendications d’amélioration de leurs conditions.

Ensuite,  nommé Secrétaire d’État à l’information dans le gouvernement de Saye Zerbo en 1981,  le jeune capitaine s’indigne et claque la porte en signe de protestation contre les atteintes flagrantes aux libertés individuelles. Il  déclare alors, à la radio et à la télévision :

“Malheur à ceux qui bâillonnent le peuple”

Premier ministre, puis Président à la suite d’un putsch et après un bref séjour en prison, le capitaine Thomas Sankara s’indigne de la politique françafricaine.

Il prend parti pour les plus faibles, prêche les vertus de l’économie locale et rejette les prêts de la banque mondiale. En outre, il met sur les rails l’autosuffisance alimentaire et la production du textile.

Thomas Sankara accorde également plus d’autonomie pour les femmes. Par ailleurs,  il abolit le travail obligatoire frappant les petits paysans et promeut l’égalité des sexes.

 

En quatre années seulement,  l’homme opère au delà d’une rupture politique,  une véritable révolution avant d’être trahi et assassiné par ses compagnons d’armes le 15 octobre 1987.

 

Comme le chante le célèbre guitariste malien Boubacar Traore dit Kar Kar dans  « Sa Golo » ,

 « l’homme meurt mais sa renommée ne meurt pas »

Le capitaine Thomas Sankara est certes mort le 15octobre 1987 mais sa renommée et mieux ses idées sont restées à jamais gravées dans  la conscience collective africaine et même mondiale et  se sont transmises de génération en génération.

Proclamé modèle par la jeunesse africaine au Forum Social Africain de Bamako en 2006 puis au Forum Mondial de Nairobi, Thomas Sankara est aujourd’hui, avec Nelson Mandela, un des héros les plus plébiscités par la jeunesse africaine.

 

Qui eut cru que 27 ans après sa mort, des jeunes, se réclamant des idées Sankaristes réussiraient à faire partir, les mains nues, l’auteur du coup d’État au cours duquel le capitaine fut assassiné (Blaise Compaore) ?

 

L’étoile de Sankara brille toujours au firmament

C’est pour donner encore plus d’éclat, d’aura solaire à l’oeuvre du Capitaine béret rouge,  que plus de 2000 jeunes héritiers de la révolution, venant du Mali,  du Sénégal, du Ghana, du Togo, du Bénin, du Burkina Faso, du Gabon, de la Côte-d’Ivoire, du Cameroun, du Niger ont pris d’assaut Ouagadougou, la capitale Burkinabè ce dimanche 02 octobre 2016 pour le lancement des travaux de la construction du mémorial Thomas Sankara.

 

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Regroupement des différentes délégations au palais du peuple

 

Cette journée exceptionnelle fut  marquée par trois grandes étapes.

D’abord,  le symposium International intitulé  « Transmission du flambeau de la révolution à la jeunesse ». L’objectif de ce Symposium, était de tracer les grandes lignes pour la conception et la rédaction d’une pensée politique  « Sankariste».

 

Une vue de l'intérieur du palais du peuple avec les participants au symposium
Une vue de l’intérieur du palais du peuple avec les participants au symposium

 

Deux sous thématiques,  à savoir :  « Qu’est-ce que l’idéal Sankara  » et  « Sankara et l’indépendance économique de l’Afrique »  ont été animés par huit panélistes devant plus de 2000 jeunes au palais du peuple vêtus de tee-shirts rouge, vert, Jaune et blanc à l’effigie du Capitaine.

 

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Début de la marche populaire avec l’arrivée de Tiken Jah Fakoly

 

À la suite du Symposium, les participants ont pris part à une marche populaire pour exiger justice pour Thomas Sankara et toutes les victimes du 15 octobre 1987. La marche avait pour itinéraire,  la maison du peuple vers la place de la révolution.

 

2016-1-13
La marche populaire vers la place de la révolution

 

Enfin, la journée à pris fin par un concert musical qui a vu la participation  du Président d’honneur du Comité de construction du mémorial. L’ancien Président ghanéen Jerry John Rawlings et de nombreux artistes étaient présents, parmi lesquels Nahawa Doumbia, Didier Awadi, Tiken Jah Fakoly, Sam’s K le Jah qui ont, tour à tour rendu hommage à Thomas Sankara et appeler ses héritiers à un éveil de conscience.

 

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Le concert musical

 

Lors de ce concert,  un appel a été lancé par Fadel Barro,  journaliste et l’un des  leaders  du mouvement ‘“Y’ en a marre”  du Sénégal aux héritiers de Sankara afin qu’ils s’engagent dans une vaste campagne de mobilisation populaire pour la réalisation de ce projet.

 

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Les représentants des différentes délégations avec les trophées symbolisant le flambeau. Crédit Photo : le Faso en image

 

Les héritiers de Thomas Sankara ont quitté le pays des hommes intègres,  plus décidés à faire rayonner le flambeau qui leur a été remis.

La Patrie ou la mort,  nous vaincrons

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